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Interview : Sofía Lescano Carroll

En décembre 2021, j’ai discuté avec Sofía. Elle avait alors donné deux conférences sur les années passées et a bien voulu répondre à mes questions. Voici les notes, dans un style très oral, que j’ai pris pendant cette discussion.

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Sofía Lescano Carroll, je suis développeuse PHP backend, je suis Argentine et Espagnole.

Tu as présenté des conférences ces dernières années ?

J’ai donné ma première conférence en 2020 accompagnée par un certain Pascal (NdA: je suis dans le pool de mentors de l’AFUP), puis en 2021 accompagnée par Matthieu Napoli (NdA: aussi dans le pool de mentors de l’AFUP).

Qu’est-ce qui t’a poussé à donner tes premières conférences ?

Je voulais vraiment donner une conf. Je ne savais pas sur quoi, mais je voulais être sur scène : c’est important qu’il y ait des femmes sur scène, donc je me suis dit « allons-y ! ».

Je donne principalement des conférences parce que je pense qu’il faut avoir des role-models femme dans la tech, je pense qu’ils ne vont pas arriver tout seuls si on ne fait pas quelque chose. Et je pense que c’est une chouette façon de partager.

C’est aussi une très belle expérience et tu te fais connaitre.
Même si je n’essaye pas d’être mondialement connue, j’essaye de me faire voir pour faire valoir mes compétences.

Comment as-tu eu l’idée de ton sujet ?

Un collègue m’avait dit « je t’assure, si tu as travaillé ici un an, on pourra te trouver un sujet intéressant ».

On est allé dans une salle de réunion à plusieurs, en se disant qu’il fallait en sortir avec des idées de sujets.
J’y suis arrivée en disant que je n’avais rien à dire, que ça allait très mal se passer et en mode « vous êtes plusieurs, je veux être convaincue, je veux sortir de là avec un sujet, je me propose de monter sur scène » — alors que d’autres dans la salle ne voulaient pas…

Les fois suivantes, j’avais envie de répéter l’expérience, mais j’étais encore avec cette idée de « j’ai peut-être des idées, mais elles sont pourries » ou « elles ne mèneront nulle part, ça ne va intéresser personne ».
J’avais en tête un sujet un peu tech, dont un REX que j’ai présenté au Forum PHP et deux sujets non-tech, un des deux que j’ai présentés en LFT (NdA: journée de talks au boulot).

Le REX, j’avais en tête une idée de trucs géniaux qu’on fait au bureau, que je ne pensais pas que tout le monde fasse.
Et les retours ont été hyper positifs, ça a intéressé les gens.

Comment es-tu passé(e) d’une idée à donner une conférence ? As-tu proposé ce sujet à une équipe d’organisation ? Via quel processus (CFP?) ? Comment s’est passée la sélection ?

Pour proposer une conf, il faut passer par un CFP.
Et il faut aussi savoir où on veut proposer notre conf.

C’est un peu de la facilité : je connais bien les confs de l’AFUP et je sais un peu ce qui est attendu par les gens, j’y suis aussi allée.
Et aussi, l’AFUP publie des tweets donnant des idées de thèmes qui les intéressent.

Pour moi, ça part souvent d’un titre, d’une idée, d’un truc assez simple.
Ensuite, j’essaye d’écrire quelque chose, en mode « qu’est-ce que j’ai envie de raconter ? ».
Et enfin, je demande de l’aide autour de moi pour transformer ça en quelque chose de potable qui peut être transformé en CFP.

Les idées sont là, mais il faut les mettre en forme, il faut savoir être vendeur, il faut un petit peu structurer.
Une question qui fonctionne assez bien : « avec quoi veut-on que les gens repartent de la conférence ? ».
Si le sujet est flou, c’est difficile pour le public de se projeter et d’avoir envie d’y aller.

Il y a surtout une partie de rédaction de sujet, il faut convaincre et il n’y a pas vraiment d’exemple aujourd’hui de « c’est comme ça qu’on rédige un sujet », même si on peut toujours regarder les sujets qui ont été retenus les années précédentes.
Il n’y a pas d’exemple de bon sujet / mauvais sujet.
Et une certaine honte, ou au moins déception, à proposer un sujet et à ne pas être retenue : ça peut être dur.

Cette année, j’ai proposé un sujet qui me tenait à cœur et qui n’a pas été retenu, je me demande si on va m’expliquer pourquoi.
Ça serait un peu dommage de ne pas savoir comment faire mieux la prochaine fois. Avant ça, j’ai eu l’immense chance de proposer deux sujets et être tenue deux fois… Un jour, ça devait s’arrêter.

Tu te souviens de comment tu as réagi la première que tu as reçu le mail de notification « votre sujet est accepté » ?

Je sais que la deuxième fois, j’ai pleuré. C’était rigolo : je connais quelqu’un de l’orga qui m’a écrit avant que je ne voie le mail et, pour moi, le Forum c’était un truc énorme et je n’y croyais pas du tout. Donc, beaucoup d’émotion, de « c’est impossible, ils se sont trompés, ils ne savent pas ce qu’ils font ». La première, je ne me souviens plus exactement. Je travaillais avec des gens de l’équipe d’organisation et il y a un côté confidentiel, donc je savais qu’ils ne pouvaient pas me dire, mais je savais quel jour ça devait être décidé… C’était ma première proposition, j’avais peur qu’on me dise non. Mais la personne de l’orga qui devait me contacter était occupée sur des sujets perso et a mis du temps à m’écrire et je me disais que si ça mettait du temps, ça voulait dire que je n’étais pas prise. Et je n’osais pas demander, je ne voulais pas avoir la réponse, je crois. C’est un peu Schrödinger : tant que tu ne sais pas, il y a toujours la possibilité d’être choisie. Quand j’ai su, j’ai été extrêmement contente.

Comment prépares-tu un talk ? Est-ce que ta façon de travailler une conférence a évolué avec le temps et l’expérience ?

Une fois qu’on est sélectionné, on nous prévient.
Et à partir de là commence la vraie préparation de la conf.
Quand vous arrivez au CFP, vous n’avez de toute façon à peu près rien préparé, vous aviez une petite idée.

Pendant très longtemps, tu ne fais rien.
Ensuite, tu paniques.
Et à la fin tu sors un talk. Alors, non. Enfin, plus ou moins.

J’ai fait deux confs très particulières.
La première, printemps 2020, à cause du Covid, a été retardée puis passée en ligne, la temporalité a beaucoup changé.
La deuxième, le Forum PHP, quand on te dit « oui », tu es en plein dans tes vacances d’été, tu ne les passes pas à préparer ton talk ; et après, ça va très vite.

Comment préparer… Il y a plusieurs écoles.
J’aime bien faire des slides ou essayer de tout mettre un peu par écrit, ça m’aide beaucoup à me projeter : « je vais montrer cette image » ou *« c’est ça que je veux montrer »¨ et après j’adapte mon discours.
Mais l’idée c’est lister un peu tout ce que j’ai envie de dire, même ce qui peut être très à côté de la plaque, pour voir ce que ça peut donner. Et trier ou réordonner après.

Il ne faut pas laisser pour le dernier moment, sinon, quand on souffre de stress, c’est dur.
Mais c’est dur aussi, de préparer un talk trois mois à l’avance, en fait, c’est un peu irréaliste…
Je pense qu’on a besoin d’au moins un joli petit mois pour préparer, voire un mois et demi, enfin, ça dépend de ton expérience et de ta capacité à te concentrer.

Deux-trois bonnes semaines de répétitions, c’est bien, parce qu’il faut répéter avec des gens différents, avec des gens qui te connaissent un peu moins.
Il faut avoir le temps de remanier son talk avant de le re-présenter, ça a vraiment été très utile pour mon dernier talk.
Et il ne faut pas hésiter à répéter même quand tu as un truc partiel, parce que c’est là où on va nous indiquer quelle est la partie qu’on peut développer. Autant rectifier le tir très vite que avoir un truc un peu préparé et arriver avec une conf où on est super satisfait de l’avoir finie et qu’on nous dise « non, mais ça veut rien dire » ou « ça, il te faudrait 10 slides de plus » et qu’il n’y ait plus de temps.
Ça ne m’est jamais arrivé trop, mais ça doit être hyper frustrant de couper des parties de son talk.

Tu commences par les idées, et ensuite tu fais ton plan, dans ordre là ?

Oui, je fais un peu ça.

Aussi, un point important : comprendre à quoi on veut donner de l’importance, sur quoi on veut passer du temps, quels sont les grands titres.

Et le « Jour J », comment est-ce que ça se passe ? Comment est-ce que tu dors ? Est-ce que tu arrives à petit-déjeuner ?

Ça se passe mal… C’est dur.

Il est important, avant le talk, de prendre une demi-heure ou une heure pour soit, une heure de silence, sans que personne ne me parle.
C’est sympa quand il y a une salle pour les speakeurs, où tu es avec d’autres speakeurs qui ne vont pas venir t’embêter, parce que tu as juste besoin qu’on te laisse tranquille.

Ça dépend aussi de l’heure à laquelle tu passes.
Si c’est une conf sur deux jours, il faut aussi se ménager pour tenir pour le deuxième jour.

C’est stressant. Mais aussi c’est génial.
Et chaque personne sa personnalité et il faut faire ce qui te permet d’être tranquille.
Si tu veux faire un massage le matin, ou si c’est un petit café ou un bout de chocolat qui va te réconforter, passer un peu de temps avec quelqu’un que tu aimes bien, peu importe.

Est-ce que tu as essayé d’une certaine façon de te préparer à être sur scène, avoir du monde qui te regarde ?

Ça, j’ai l’habitude : j’ai fait dix ans de théâtre, j’ai été prof d’espagnol et de théâtre, je n’ai pas fondamentalement de problème que les gens me regardent.
J’ai plus de problèmes sur « est-ce que je suis en train de dire des bêtises ? ».

Ce qui va plus me rassurer, c’est être sûre que ma conf est rodée, que ce que je vais dire va intéresser les gens.

Et après, c’est travailler son souffle, sa respiration, pour baisser son rythme cardiaque, être un peu moins stressée.
Bien respirer, ne pas se laisser porter par le stress, pour ne pas commencer le talk en mode dynamite.

C’est un peu comme quand on court une course : la respiration, c’est hyper important et il ne faut pas juste rester sur le côté en étant agitée.

Tu as donné ta seconde conf en meetup avant de la faire au Forum PHP. Est-ce que ça t’a apporté quelque chose ?

Oui, clairement.

Déjà, c’était sympa : ma première conf était virtuelle, donc je n’avais jamais trop donné de conférence technique en vrai.
L’histoire des micros, de l’ordinateur, le retour son, le retour visuel me faisaient peur, c’était des facteurs de stress supplémentaires.
Donc pouvoir tester ça et aussi les rires dans la salle ou les gens qui sont en train de s’endormir, c’était bien.

Aussi, le public a eu la possibilité de me donner des retours, donc j’ai fait des petits changements et ça m’a rassuré sur l’utilité de la conf.

À quoi tu penses, quand tu dis les micros ?

Par exemple, ne pas être trop collée au micro, que quand tu parles ça s’entende bien.
Que tu ne sois pas maladroit avec le micro parce que tu ne te rends pas compte qu’il est là, que tu sois confortable aussi.

Le micro (NdA: attaché derrière par un serre-tête et sur l’oreille, avec le micro qui vient devant la joue) que j’ai eu pendant le meetup n’était pas super confortable, j’avais l’impression d’avoir un truc au milieu de la tronche, donc sentir qu’on peut faire la conférence en ayant des trucs en plus sur soi et malgré les contraintes techniques, on peut continuer.

J’ai préféré le micro-cravate.

Ta première conf était à distance. Pour toi, dans une conf à distance, et encore plus la première, qu’est-ce qui était difficile ? Ou facile ?

Il y avait plein d’avantages et j’ai eu la chance de passer quand les gens n’en avaient pas encore trop marre des confs à distance — sinon, ils auraient peut-être complètement lâché.

Il y avait l’énorme avantage d’être filmée, alors que ça n’aurait pas été filmé en temps normal.
Et en plus c’était gratuit donc j’ai des gens qui sont venus me voir.
Et ma conférence n’était pas centrée sur le langage PHP dont j’ai des amis d’autres langages qui sont venus me voir. Même mes parents, c’est un truc un peu touchant.

J’ai paniqué au bout de 30 minutes parce que je me suis dit « et si personne ne m’entend depuis le début ? », je ne sais pas comment j’ai fait, j’ai réussi à continuer, mais voilà.
On te recommande de couper toutes tes notifications pour ne pas être distraite, mais du coup personne ne peut te contacter pour te dire que ça ne marche pas du tout — sauf en te coupant.
Et, heureusement, je n’ai pas vu la conf d’avant et personne ne m’en a parlé, parce que justement le speakeur avait commencé à parler et ça ne marchait pas…
La partie test du dispositif était flippante, parce que même si tu as testé, tu as l’impression que ça ne va pas marcher.

Aussi, à distance, il n’y a pas trop d’échanges, ça décroche vite.
Même dans d’autres occasions en essayant moi de regarder des meetups à distance, c’est trop facile de faire autre chose.

J’étais très contente que ça soit quand même maintenu, ça me tenait à cœur, donc il y a eu des aspects positifs.

Niveau stress, je pense que c’était pire qu’en présentiel. Et c’est pas très fun de parler à un écran.
Et y’avait mon chat qui se serait peut-être baladé, ou qui aurait gratté à la porte pendant toute la conférence.

Y’a des contraintes, quand même. Comme la lumière.
Et pas de floutage de fond, donc on voyait ma maison.

Après ta présentation, est-ce que des membres du public, ou peut-être de l’équipe d’organisation, t’ont fait des retours, des commentaires, des suggestions d’amélioration ?

Pas trop.

On m’a déjà dit qu’il fallait parler plus lentement.

Après le meetup, j’ai eu des feedbacks disant que c’était intéressant.
Aussi, un retour sur la maison (NdA: une analogie pendant le talk), on m’a demandé si ce n’était pas plus une colloc’, c’était intéressant.
Et DDD qui est « domain driven design » et pas « domain driven development », c’était important, ça me plait de ne pas dire trop de bêtises.

Une petite succession de questions très courtes (tu peux élaborer si tu veux, bien sûr), j’essaye de collecter quelques points de données :

Quelle durée pour ton talk ?

40 minutes.

Combien de slides par minute ?

J’ai souvent beaucoup de slides, plus de 20, je ne sais pas.

Quel logiciel utilises-tu pour tes slides ? Pourquoi ?

Google Slides.
Pas vraiment de raison, c’est pratique.

J’ai un Mac au boulot, mais pas à la maison, donc Keynote c’est pas pratique.
Et je peux partager entre plusieurs comptes et d’autres gens, avec un aspect collaboratif.

Sais-tu combien d’heures tu as passées à préparer ce talk (y compris le temps des répétitions) ?

Beaucoup trop.

Je passe sans doute plus de temps à me prendre la tête qu’à préparer.
Je passe beaucoup de temps à penser, sous la douche, en allant dormir…

Peut-être une dizaine d’heures à faire les slides.

Énormément de temps d’inquiétude, de « ça, ça peut pas marcher ».
C’est souvent un sujet qui m’envahit un peu tout le temps, que j’ai envie de finir, il y a une deadline, j’y pense un peu tout le temps.

Combien de fois as-tu répété ? Toujours devant des gens ?

Au moins 3-4 répétitions.
Toujours devant des gens. Répéter seule, ça me parait affreux.

Combien de personnes (environ) dans le public ?

100-200.

Est-ce qu’une personne de l’orga t’a introduit avant le début de ton talk ? Si oui, as-tu eu ton mot à dire sur le contenu de cette introduction ?

Oui et oui.

Est-ce que ton plan / le déroulé de ton talk était plutôt « scolaire » (introduction, partie 1, partie 2, partie 3, conclusion), ou plutôt « raconter une histoire » ? Pourquoi ?

J’essaye de raconter une histoire, je trouve que c’est un format qui marche.

Je n’aime pas l’idée d’annoncer un plan au début.
J’essaye que les idées s’enchainent de façon un peu naturelle, avec des liens entre les parties.

C’est souvent présentation du problème, les solutions qu’on a trouvées et une ouverture pour aller plus loin.

Lors de quel « type d’évènement » as-tu présenté ce talk ? (Meetup local, conférence nationale, talk au boulot…)

Conférence locale, meetup, conférence nationale.

Maintenant que tu as deux expériences en tant que speakeur, qu’en as-tu tiré ? Est-ce que c’est un exercice que tu envisages de recommencer ? Pourquoi ?

Oui, je pense.
Parce que j’aime souffrir.

Mon but est clair, qu’il y ait des femmes sur scène, badass.
Mais si ton but est qu’il y ait des femmes sur scène, il y a une énorme pression de pas dire trop de la merde, quoi…
Il y a peu de femmes sur scène, si en plus celles qui y montent c’est pour parler des femmes sur scène ou dire n’importe quoi, ça créée encore plus de problèmes.

J’ai pris plaisir, c’est cool.
J’ai envie de me faire connaitre dans la communauté, c’est intéressant pour moi, pour ma carrière.
J’ai aussi l’impression d’avoir travaillé avec des « stars », des gens connus de tout le monde, partout ; j’ai envie de faire partie de ces gens-là, y’a aussi un côté un peu admiration et se dire « moi aussi, je peux ».

Je pense que le partage, c’est vachement important.
J’apprends beaucoup en confs, donc y’a pas de raison que je garde tout ce que j’ai appris pour moi.

Tu parles « carrière ». Tu as déjà le sentiment que ça t’a apporté des choses, au niveau professionnel ?

Je pense que ça me donne une bonne image par rapport à mon entreprise.
C’est une façon aussi d’argumenter pour des augmentations ou des trucs : je fais des choses, je m’investis.

C’est une façon de rendre à la communauté.

C’est aussi une façon de dire « vous ne voulez pas me payer la conf, bah moi je donne une conf, donc donnez-moi juste la journée et j’y vais », c’est une façon de négocier.

J’ai gagné beaucoup de followers sur Twitter.
J’essaye de me faire connaitre.
De toute façon, les femmes, déjà, se comptent sur les doigts, donc qu’on t’ait vu sur scène ça joue.

Et même si au final ça n’a rien donné, en entretien, c’est très sympa de pouvoir dire « j’ai donné une conf à ce sujet ».
Et au Forum, je cherchais du travail et « je suis désolée, je ne peux pas discuter maintenant, je dois monter sur scène », ou que les gens disent « on a vu ta conf, on a les mêmes problématiques », ça fait un effet.

Donner une conférence, ça montre une certaine maitrise de tes sujets, ça montre aussi ta maitrise technique, ça donne du prestige.

Un dernier conseil que tu donnerais à une personne qui envisagerait de se lancer pour son tout premier talk ?

« Vas-y ! »

Un truc qui m’avait marqué en parlant avec un collègue qui hésitait à donner une conférence : il était en mode « aujourd’hui ça me fait chier, mais je sais que quand j’aurai fini le talk, je te remercierai ».
Donc c’est « vas-y, je te garantis que tu vas apprendre quelque chose ».
Soit découvrir une passion et tu vas te dire que tu veux le refaire, soit apprendre à parler en public, ou plus d’empathie envers les conférenciers sur scène et comprendre que c’est un exercice qui n’est pas simple.

En tout cas, c’est un exercice qui est extrêmement enrichissant.
Et quand tu travailles sur ton discours, il faut vraiment que tu sois très clair.
Tu découvres que tu as appris quelque chose quand tu es capable de le ré-expliquer. Si tu es capable de donner une conf sur ton sujet, tu gagnes énormément en maturité dessus.

Même si ça te fait peur, vas-y !
Dans le pire des cas, tu apprendras quelque chose.

Et puis, aussi :

  • Il ne faut pas se bourrer la gueule avec la conférence.
  • Il ne faut pas arrêter d’aller aux conférences parce qu’on va donner une conférence. Trop focaliser sur ta conférence n’aide pas. Si vous passez l’après-midi, ça ne sert à rien de louper toute la matinée. Il ne faut pas modifier ses slides pendant la conférence qui précède la vôtre. Enfin, vous pouvez le faire si vous êtes obligés, mais je vous conseille de ne pas le faire. Prenez le temps avant.
  • C’est trop cool. C’est dur. C’est dur de monter sur scène et de dire « croyez-moi ». Enfin, rien de ce que vous dites ne sera utilisé contre vous et vous pouvez vous tromper, mais il y a un peu ce côté de monter sur scène, partager quelque chose, et au moins y croire.
  • On peut oublier, passer une mauvaise journée… Vous pouvez vous faire des notes pour savoir ce que vous voulez dire.
  • Il faut prévoir de l’eau. Il faut prévoir des vêtements confortables. Déconseillé de mettre une robe : les micro, souvent, ils faut les accrocher quelque part et une robe, ça ne marche pas…
  • Faire un test tôt dans la matinée, ça m’a dé-stressé.
  • Les organisateurs sont sympas, savent qui est débutant, les mettre peut-être après les pauses, pour être plus détendus ?

Je recommande à tout le monde de se lancer dans cet exercice.

Tu as été mentorée pour tes deux talks (par moi pour le premier). Comment est-ce que tu as utilisé ces personnes, ces mentors, qu’est-ce qu’ils t’ont apporté ?

C’était super cool d’être mentorée.
Je pense que j’aurais pu ne pas l’être, mais, dans tous les cas, je pense que c’est hyper important d’être accompagnée.

La deuxième fois, j’ai demandé un mentor, mais j’avais aussi déjà pris un collègue par le bras en mode « tu vas m’aider ».
Donc, on n’a pas besoin forcément d’avoir un mentor associé, mais prenez vos collègues, les gens que vous aimez bien pour qu’ils vous accompagnent : c’est très important d’avoir des retours.

Le mentor, généralement, a pas mal d’expérience, donc il sait aussi ce qui marche et ce qui ne marche pas.
Par exemple, un truc bête, mais important que m’avait dit Matthieu : « quand tu dis ’merci’, les gens n’écoutent plus », « tu ne peux pas dire ‘merci’ et après vouloir faire une conclusion, c’est mort ».
C’est ce genre d’expérience, d’être monté beaucoup de fois sur scène, que quelqu’un peut partager.

Ou des trucs comme les couleurs des slides, ou noter qu’à un moment les gens peuvent rire donc qu’il faut faire une pause ou en tout cas ne pas te lancer trop vite parce qu’ils n’entendront pas.

J’ai été très bien accompagnée, par des gens sympas et disponibles, donc j’ai essayé de prendre tout ce que je pouvais.

Merci beaucoup Sofía !