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Interview : Guillaume Bouyge

En novembre 2021, j’ai discuté avec Guillaume, qui avait donné une conférence deux ans auparavant et a bien voulu répondre à mes questions.
Voici les notes, dans un style très oral, que j’ai pris pendant cette discussion.

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Guillaume Bouyge, je suis Solutions Architect chez Bedrock.

J’ai un background plutôt technique.
BAC en 2005 puis école d’informatique.
Je fais du dev depuis 2007, du PHP : j’ai commencé sur des projets legacy en PHP 3, puis PHP 4 et suivants.
Aussi un peu de fullstack, avec du front JS / SPA.

J’ai basculé un peu plus sur le côté architecture, avec pas mal de liens et d’échanges avec le produit, la technique qui me tient encore beaucoup à cœur, les équipes commerciales et les clients.
Je suis un peu à la croisée des chemins de toutes ces personnes-là.

Tu as présenté des conférences ces dernières années ?

Un retour d’XP sur le projet qui, pour moi, a été le plus intéressant de toute ma carrière : la transformation de la plateforme 6play en une plateforme de marques blanches vendue à l’internationale, dans trois pays.
Ce qui est aujourd’hui le cœur de métier de Bedrock.
C’est de cette phase de transformation que je voulais parler, depuis l’ex-M6 Web (« l’internet de M6 » — je reprends les mots tels quels, y’avait un post-it sur la porte) vers ce que Bedrock fait aujourd’hui.

C’est un projet qui s’est fait en plusieurs phases.
Une première phase de rush sur six mois : toute la transformation du backend et des (micro-)services de l’époque, qui tournent encore aujourd’hui, le Web et les applications mobiles.
Il y aussi eu la mise en place d’une toute nouvelle infrastructure vidéo, puisque nous avions besoin de notre propre transcodeur, de sortir de M6.
J’étais Lead Developer sur les aspects backend.

C’était hyper intéressant et l’objectif de cette conférence était de faire un retour d’expérience là-dessus.
Conférence de 40 minutes au Forum PHP 2018 à Paris.

Avant de donner cette conférence-là, je l’ai donnée une fois à l’antenne locale AFUP de Lyon en Meetup un soir (~50 personnes), ça a fait un bon exercice, je l’ai bien vécu, j’étais moins stressé.

Cette conférence, je l’ai fait évoluer ensuite, parce que le projet a continué à vivre.
Et je l’ai redonnée chez Norsys et à un apéro organisé par un collègue à côté du bureau ; et un autre collègue l’a redonnée (et s’en est bien sorti) aussi dans une autre ESN parce que je n’étais pas disponible.
Retravailler un peu la conf, répondre à d’autres problématiques auxquelles ont avait été confronté, ça collait à un nouveau but de faire un retour d’XP six mois plus tard.
Et ça répondait bien à des attentes du public, avec des personnes qui faisaient le même move dans d’autres boites, certains à l’international et d’autres en marque blanche — deux sujets différents, même si on a fait les deux en même temps.

Tu as dit que tu voulais partager un retour d’expérience. Est-ce que c’est ça qui t’a poussé à donner ta première conférence, à te dire « je vais me mettre sur scène et partager » ?

Comme beaucoup de speakers juniors qui n’ont jamais donné de conférence, je pense, ma première question était « suis-je légitime ? ».

Et jusque là, je ne me sentais pas légitime de faire une conférence…
On estime tous qu’on n’a pas de sujet, que ce n’est pas assez intéressant, etc.
Alors que, après coup, on a tous quelque chose à dire.

La première étape, c’était ça : de me sentir légitime.
Et, donc, de trouver un sujet suffisamment, à mon gout, intéressant et, peut-être… C’est triste à dire, mais, « techniquement valable » ou « suffisamment impactant ».

Du coup, tu souhaitais parler en conférence et ensuite tu as été chercher le sujet ?

Non, j’ai commencé par avoir le sujet, me dire que celui-là, ça valait le coup de le présenter.

Et, après, l’objectif était de partager, de faire un retour d’expérience, de le présenter, de dire ce qui s’est bien passé et aussi, surtout, ce qui ne s’est pas bien passé — parce qu’il y a des choses qui ne se sont pas bien passées : le projet est sorti dans les temps, mais avec des douleurs.
Et je voulais aussi retranscrire cette partie-là, montrer la réalité du terrain.

Comment es-tu passé(e) d’une idée à donner une conférence ? As-tu proposé ce sujet à une équipe d’organisation ? Via quel processus (CFP ?) ? Comment s’est passée la sélection ?

J’ai discuté avec un collègue, qui avait déjà donné des conférences.

Le projet était bien avancé, sorti en janvier 2018.
Mai-juin 2018, le CFP du Forum PHP a ouvert ses portes, on avait une bonne idée de comment s’était passé le projet.
Et c’est en discutant avec ce collègue qu’il m’a dit que ça vaudrait le coup de présenter ce projet et j’ai répondu que j’avais comme objectif de donner une conférence.

Je n’ai pas parlé avec les orgas du Forum, mais mon collègue connaissait le contexte, il y avait déjà parlé et il m’a aidé à rédiger ma proposition de sujet.
Je pense que c’était courant juin et j’ai répondu au CFP à ce moment.

Plus tard, j’étais en vacances avec mes parents dans les Vosges, où je reçois un mail d’un des orgas : « Bonjour Guillaume, ta conférence a été retenue, est-ce que tu confirmes ta venue ? ».
Je me rappelle, j’étais en train de manger, à table, dehors, il faisait super beau, je regarde le mail et je fais « ohhhhhh » (son effrayé). « OK, ça devient réel »… C’était hyper agréable, tu te dis « mon sujet intéresse des gens ». Bon, aussi, instant de panique totale.

Par respect pour les orgas, il faut être réactif dans les échanges.
J’ai répondu le soir, 3-4h après le mail, le temps de me poser.
Même si c’était acté que je pouvais donner une conférence quand j’ai proposé, me demander « je vais dire oui, c’est quoi les conséquences, qu’est-ce que je vais faire ensuite ? ».

J’ai dit « oui » et voilà, c’était parti.

Passée cette étape, ce mail « oui », comment as-tu préparé ton talk ?

À mon retour de congés, je suis retourné voir mon collègue speaker, je lui ai dit « j’ai été sélectionné, c’est la panique », on a rediscuté un peu tous les deux de comment m’organiser.
Il m’a conseillé de commencer à réfléchir à la structure de ma conférence, ce que j’allais mettre dedans. On l’avait déjà fait, un petit peu, pour la réponse au CFP : dans le pitch d’intro, tu dis un petit peu ce que tu vas aborder.

Mon objectif était d’être une conférence à la fois tech et fonctionnelle, donc pas une conférence pure tech.
Mais je savais qu’en face moi, j’allais avoir des développeurs, donc j’ai quand même saupoudré un peu de technique, avec un pic un peu technique quand je suis rentré dans l’explication de comment on avait surchargé le Kernel de Symfony pour faire un Kernel par client (et ça tourne encore en production !).

Donc, dans l’ordre, on a discuté, puis j’ai commencé à faire mon plan, ça m’a pris pas mal de temps, parce qu’un bon plan, c’est un plan qui se tient, qui s’enchaine correctement, qui évoque toutes les idées que tu voulais évoquer, sans faire de redites.
Je voulais que la conférence aille un peu crescendo : poser le sujet, petite intro, puis les phrases d’avancement, tout en prenant un peu de recul sur les aspects techniques et donner un retour d’expérience sur ce qui a bien / moins bien / pas marché, d’un point de vue projet.
Je voulais aussi donner mon ressenti de Lead Developer.

Donc : le plan.
J’ai bien bossé une semaine, une heure par soir tous les jours, sur le plan.
Et j’avais un autre document où, par sujet dans mon plan, je notais des idées « je vais parler de ci, je vais parler de ça » pour voir, par rapport au plan, si je n’avais pas des redites ou des oublis et voir si ça s’enchainait correctement.
Aussi, le temps de récupérer des références : je suis allé refouiller dans les documents du projet pour vérifier si je n’avais pas oublié des choses, par exemple. Ça, pour moi, ça a été le plus important.

Et après, tu commences à faire tes slides.
Je ne les ai pas faits avant 2-3 semaines.

Quand j’ai vu que tout collait bien, ce qui était dur à savoir c’était combien de temps ça allait me prendre.
Sur mes 40 minutes, combien de temps j’allais mettre pour chaque grosse partie ?
Je savais qu’en 40 minutes on pouvait en dire, des choses.

Et comment tu as fait, cette étape de faire rentrer tes idées dans les 40 minutes ?

Alors ça, c’est hyper dur.

Je n’ai pas réussi à faire sans les slides, là.
J’ai commencé à faire mes slides, en mode brouillon, que des bullet points.
Et je mettais un peu ce que je voulais plus en détail, deux ou trois points par slide pour que ça ne soit pas trop touffu.

Et j’ai fait une répétition : là, j’ai vu combien de temps je prenais.
Vu que je n’avais jamais fait de conférence avant, je ne savais pas combien de temps une slide avec ses sujets allait me prendre.

Le plus dur, sur cette répétition, ça a été de lancer la première slide, de démarrer, de franchir la première phrase. « Bonjour, merci d’être présent, aujourd’hui on va parler de ci, on va parler de ça », c’est sorti comme de la mrde pendant un quart d’heure.
Franchir l’étape de
« bonjour »* et enchainer sur mon premier point, quoi… C’est là où je me suis rendu compte que, si je n’avais pas fait ce plan, ça aurait été mission impossible.
Et après l’intro et l’enchainement au point un, ça a été.

Je ne me souviens plus exactement de combien de temps j’ai fait, mais ce n’était pas incohérent : ce n’était pas 1h30, ce n’était pas 20 minutes, je devais être vers 45-50 minutes.
Et ce n’était pas fluide, il y avait des « heu » des « ah », des « qu’est-ce que je dis ? » ou des « ah non, ça je le dirai plus tard ».

Il valait limite mieux que je fasse un peu plus long qu’un peu trop court : c’est toujours plus simple de tailler dans le gras que de chercher des trucs à dire ou que tu n’avais pas forcément envie de dire.
Un point, on peut l’évoquer plus rapidement — ou, plutôt que bâcler, on l’enlève.
On peut résumer un peu plus une idée, parfois.
Il y a aussi des points que j’ai enlevés. J’ai aussi proposé « je n’ai pas parlé de ça, si vous voulez on en parle à l’apéro ou autour d’un café ».

Une fois que j’ai fait ma première répétition, ça m’a conforté dans l’idée que, grosso modo, ça se tenait.
J’ai vu que je n’allais pas trop supprimer de trucs, donc j’ai commencé à écrire mes slides, faire des schémas.
Je n’étais pas encore dans l’étape design, mais réfléchir à comment faire des slides qui parlent et qui me laissent parler et qui présentent visuellement ce que je veux présenter.
C’est là aussi que j’ai peaufiné l’enchainement de mes points : il y en a que j’ai re-déplacés parce que j’en parlais trop tôt ou trop tard ou je revenais dessus… Ça, ça a été dur, aussi. Je ne voulais pas mettre des slides avec plein de texte, je voulais des slides agréables à regarder et qui, surtout, fassent passer le message que j’étais en train de présenter.

Comment s’est passé le « Jour J » pour toi ?

Je passais le premier jour de l’évènement, c’est cool ; l’après-midi.

Je ne déjeune pas le matin, donc là pareil.
La veille, il y avait le repas des speakers, c’était hyper sympa, j’ai réussi à manger.

Je me suis couché très tôt, j’ai eu du mal à m’endormir, mais j’ai bien dormi, donc j’étais reposé, je me suis réveillé au son du réveil, je n’ai pas trainé pas snoozé, parce que là le stress était à son comble : la réalité de « c’est aujourd’hui », de « je ne vais pas retravailler ma conférence, ce serait inutile parce que je suis prêt », mais il faut réussir à passer ça.

J’ai regardé des conférences le matin.
Le midi et l’heure d’avant ma conférence, je me suis isolé. L’espace conférenciers privé, au Forum PHP, c’est génial : sans ça, je serais allé dans ma chambre (plus longtemps) ; et si la chambre n’avait pas été dans le même hôtel, je pense que j’aurais été embêté.
Je n’ai pas répété, mais j’ai déroulé mes slides, en boucle, et je parlais des points dans ma tête. Plus pour me rassurer et m’occuper l’esprit, parce que j’étais prêt.
Je n’ai pas réussi à vivre l’évènement pleinement tant que je n’étais pas passé.

Au Forum (NdA: 1ère conférence, donnée une fois en Meetup local avant), c’était la première fois que je stressais autant depuis mon BAC : c’était vraiment une épreuve.
Au point que 15-20 minutes avant la conférence, je suis remonté dans ma chambre pour aller aux toilettes.
Donc c’était vraiment un supplice et j’ai encore cette image aujourd’hui où, à la fin de la conférence, mes jambes ont vacillé quand j’ai dit « merci, avez-vous des questions ? ». Ce relâchement de stress, parti de la tête aux pieds… J’ai regardé sur la vidéo, ça ne se voit pas.

C’est intéressant ce que tu dis, que ça ne se voit pas sur la vidéo. Ça veut dire que toi, tu as ressenti des choses que ton public n’a pas forcément ressenties.

C’est pour ça qu’une conférence c’est intéressant : le but est de partager des informations, ton expérience.
Mais à l’inverse, c’est aussi hyper personnel parce que c’est ton vécu, tes émotions et certaines doivent transparaitre et d’autres non.

Comment appréhendais-tu le fait d’être sur scène devant autant de personnes ? As-tu essayé de t’y préparer ? As-tu découvert une version du stress que tu ne connaissais pas ? Comment y as-tu réagi ?

Le matin en arrivant, je suis monté sur la scène, quand il n’y avait personne dans la salle, donc c’était un peu biaisé.
Mais, malgré tout, je me rendais compte que la pièce était immense (NdA: capacité ~500 places).

Ça m’a un peu aidé par rapport au moment où j’allais parler l’après-midi : je me suis rendu compte que les éclairages cachaient pas mal l’audience, qu’on ne voit presque pas la salle, qu’on ne voit que les premiers rangs — mais tu ne vois pas les gens à partir du milieu de la salle, sauf en focus dessus, mais tu ne le fais pas pendant que tu parles.

Et je suis remonté sur scène en début d’après-midi lors de la présentation du programme de la demi-journée : tous les gens disent « bonjour, je vais parler de ci / ça, à telle heure dans telle salle ». C’était hardcore. J’ai réussi à faire une petite blague à propos d’un programme sur 6play, ça a fait rire les gens, ça a été.
Et, oui, j’avais préparé, bien sûr : à cette époque, je ne montais pas sur scène sans avoir millimétré tout ce que je fais.

Tu as permis au public de poser quelques questions à la fin de ton talk. Des suggestions par rapport à cette phase, qui fait souvent peur ?

Je m’étais préparé la phrase « je n’ai pas la réponse, je te propose qu’on en discute autour d’un café tous les deux, pour entrer plus dans le détail ».

L’être humain a le droit de ne pas savoir.
Il vaut mieux ne pas répondre et dire que tu n’as pas la réponse que de dire n’importe quoi.
Tu peux proposer de discuter plus tard, même sur les réseaux sociaux.

Se préparer aussi à la personne « qui sait tout ».
La question dure quasiment 1/4h… Bon, il faut y être préparé.
J’ai eu le cas, je ne me rappelle plus des détails, j’avais une réponse « j’aurais pu faire comme ça, mais dans mon cas ça ne s’appliquait pas ».

Après ta présentation, est-ce que des membres du public, ou peut-être de l’équipe d’organisation, t’ont fait des retours, des commentaires, des suggestions d’amélioration ?

J’ai eu pas mal de personnes qui sont venues échanger pour parler du sujet. Des questions et de la discussion.
Certaines m’ont dit qu’elles n’avaient rien compris à un passage (l’histoire du Kernel), ou que ce n’était pas bien et qu’il ne fallait pas faire ce qu’on avait fait.

Des gens m’ont dit qu’ils avaient bien aimé, qu’ils avaient trouvé ça intéressant et bien présenté et que c’était cool.
J’ai pas de gens qui m’ont dit que ce n’était pas bien.
Et, de mémoire, pas non plus de gens qui m’ont suggéré d’améliorer un truc en particulier.

Une petite succession de questions très courtes, j’essaye de collecter quelques points de données

Quelle durée pour ton talk ?

40 minutes.

Combien de slides ?

Je n’ai pas mis d’animations ni de déclencheurs, pour éviter de foirer un click ou quoi.
Pour chaque effet visuel, j’avais un slide qui faisait apparaitre l’élément.
Donc j’avais 150 slides… À ma vitesse, je fais à peu près un « vrai » slide par minute.

Quel logiciel utilises-tu pour tes slides ? Pourquoi ?

Keynote.

Parce que c’est offline et tu ne sais pas où tu vas, tu ne connais pas le réseau que tu auras (ou pas), donc je privilégie le offline.
J’étais sous Mac ; si j’avais eu Powerpoint installé, je l’aurais utilisé, je cherchais un support offline avant tout.

Et Keynote a des petits trucs sympa, comme la feature de positionnement / imbrication des slides dans la vue de gauche, tu peux réduire tes parties, c’est pas mal.

Sais-tu combien d’heures tu as passées à préparer ce talk (y compris le temps des répétitions) ?

Une fois que j’ai répondu « oui » jusqu’au jour de la conf, de aout à octobre, j’ai bossé sur ma conf…

Pas tous les soirs, mais tous les deux soirs.
Tous les deux jours, je passais une à trois heures, par soir, pour préparer ma conférence.

Ça fait entre 50 et 75 heures, je pense que c’est à peu près le temps que j’ai passé pour préparer cette conférence.
Sur ces peut-être 70 heures, il y en peut-être 30 qui étaient de la répétition.

Combien de fois as-tu répété ? Toujours devant des gens ?

Je n’ai répété que tout seul (en m’isolant dans le bureau), sauf les deux-trois fois où je me suis entrainé au bureau devant des collègues. Je me suis enregistré plusieurs fois.

Une répétition tous les deux jours, à coups de 40 minutes, pendant quasiment deux-trois semaines. 10-15 répétitions.
Et je l’ai donnée en meetup une fois avant le Forum PHP.

Combien de personnes (environ) dans le public ?

Dans les 400 personnes dans la salle.

Est-ce qu’une personne de l’orga t’a introduit avant le début de ton talk ? Si oui, as-tu eu ton mot à dire sur le contenu de cette introduction ?

Oui et oui.

Est-ce que ton plan / le déroulé de ton talk était plutôt « scolaire » (introduction, partie 1, partie 2, partie 3, conclusion), ou plutôt « raconter une histoire » ? Pourquoi ?

Un mélange.

Un peu de « scolaire » : tu as une intro, une conclusion et une partie où tu rentres dans le détail.

Je ne l’ai pas fait dans l’ordre chronologique des étapes du projet.
J’ai organisé en parties correspondant aux choses que je voulais apporter au public. Donc l’orientation technique et l’orientation fonctionnelle et comment les deux se sont liées.

Si vous étiez plusieurs pour un talk, comment avez-vous organisé la parole ? Des longs moments à tour de rôle, ou des échanges constants ?

Seul.

Lors de quel « type d’évènement » as-tu présenté ce talk ? (Meetup local, conférence nationale, talk au boulot…)

Meetup local, conf nationale, puis à nouveau meetup local (où ce talk avait été positionné entre deux autres talks de collègues qui parlaient d’autres composants de notre plateforme).

Maintenant que tu as une (ou plus) expérience en tant que speaker, qu’en as-tu tiré ? Est-ce que c’est un exercice que tu envisages de recommencer ? Pourquoi ?

Oué.
Déjà, ça a été un challenge personnel, j’essaye d’avoir tous les ans un truc à faire, de me faire un peu violence. En 2017 c’était le projet. En 2018 c’était la conférence.
Pourquoi pas, redonner une conf.

Et au niveau professionnel, est-ce que tu as le sentiment que ça t’a apporté quelque chose ? Quoi ? Pourquoi ?

Ça m’a beaucoup apporté et ça me sert aujourd’hui pour mon rôle de Solutions Architect : je n’ai rien à vendre, mais j’ai tout à présenter.

Des présentations, maintenant, j’ai fait très souvent, au boulot.
C’est beaucoup plus ciblé, mais y’a des trucs des fois où je prépare des slides et des talks de 40 minutes à une heure devant nos clients.

Donc super XP, qui m’a vachement dé stressé, qui m’a outillé et qui m’a donné une méthodologie de travail.

Tu as aussi été dans l’équipe d’organisation de l’AFUP Lyon, tu as vu l’autre côté de la barrière… Qu’aimerais-tu dire à un nouveau ou une nouvelle speaker pour qui l’évènement que tu organises est le premier ?

C’est une question difficile, ça dépend du profil, de quand on est par rapport à l’évènement…

Récemment, une collègue allait donner sa première grosse conf en présentiel.
Avant, elle l’a fait en répétition en meetup que je coorganisais — exactement comme moi il y a deux ans.
Elle avait déjà donné des confs, à distance. C’était la première fois qu’elle parlait devant une salle, un peu d’effet.

Je n’ai pas abordé le sujet de « est-ce que tu es prête » parce que là, tu dois l’être, je n’ai pas posé la question « bête ».
Mais je voulais arrondir les angles sur tout ce qui est à côté : la mettre en confiance, même si je sais qu’il y a forcément une part intérieure qui est propre, lui proposer de s’isoler, l’aider à vérifier que son micro marchait, on a fait des tests du projecteur… Le plus possible avant que le public n’arrive.

Ce que je dirais à une/un speaker dans ce moment-là, c’est de poser les questions qui font que, d’un point de vue organisationnel ça se passe du mieux possible.

Et si je parlais à une personne qui est en train de préparer son talk ou qui veut en donner un ou qui a des idées, ça ne me dérangerait pas d’aider à préparer un talk.
J’ai décidé de devenir organisateur local pour rendre la monnaie de la pièce qu’on m’avait donnée pour le Forum PHP.

Un dernier conseil que tu donnerais à une personne qui envisagerait de se lancer pour son tout premier talk ?

En partant du principe qu’elle n’a pas encore commencé à préparer, je lui dirais qu’on a tous quelque chose à dire.

Un avis après coup : le niveau technique n’a pas d’importance.
Il ne faut pas croire que toutes les personnes en face de toi attendent que tu recompiles le kernel Linux en live : les gens ne vont pas forcément en conférence pour voir une conf tech hyper dure.

C’est un peu la peur du speaker : « suis-je légitime ? ».
Et c’est souvent sur la technique qu’on se demande. Ça a de l’importance si tu veux faire une conf technique pure, mais donner une conférence ce n’est pas que de la technique et il faut décomplexer face à ça.
J’en suis persuadé aujourd’hui — et je ne l’étais pas du tout avant.

Merci Guillaume !